Dimanche dernier, une nouvelle fois, la France réac' était dans la rue, réunie sous la bannière "Manif pour tous" quand le mot d'ordre du mouvement ressemblait plus à "Des droits pour certains". Religieux intégristes, politiques obtus, droite de la droite et cul serrés s'étaient réunis pour limiter des droits quand tant d'autres avant eux se sont battus, avec bien plus courage, pour les étendre. Ils crient à la marchandisation de l'enfant, mais ils n'hésitent pourtant pas à emmener leurs mômes passer la journée à scander des slogans haineux appris par cœur. C'est assez étrange de savoir que des gens, quels que soient leur nombre, défilent en vous prenant pour cible. Car à chaque manif de ce genre, je me sens comme un lapin un jour d'ouverture de chasse...
Dimanche dernier, alors que dehors, ces gens battaient le pavé pour marteler leur mépris de la différence, je m’efforçais pourtant, un peu en vain, d'être indifférent à leur mépris. Et je repensais à la veille où, amusante coïncidence, j'assistais à mon premier mariage gay. Je me remémorais l'émotion palpable dans cette petite salle de mairie, où deux amis se disaient "oui", les yeux embués et le palpitant à plein régime. Je ne pouvais m'empêcher de revoir cette grande salle de réception pleine de parents, grands-parents, cousins, cousines, sœurs, frères et ami(e)s célébrant l'union de deux hommes à qui il était encore peu interdit d'officialiser leur amour. Il y avait même des enfants, plein d'enfants. Des enfants qui grandiront sans doute, eux, avec l'idée que l'amour n'a pas de sexe (comme parfois le sexe parfois n'a pas d'amour, mais ils auront tout le temps de l'apprendre).
Dimanche dernier, après avoir fait ce perturbant parallèle dans ma tête, j'ai fini par prendre en pitié tous ces manifestants qui, manifestement, n'ont rien compris et, pire encore, ne veulent rien comprendre. Et, ce faisant, ne connaîtront jamais la puissance des sentiments éprouvés par mes amis qui s'unissaient la veille ou par moi en prenant mon compagnon dans mes bras. L'amour pour tous, ou presque.