Samedi, tout le monde il est gentil !

Ce matin, comme presque chaque matin, je me jette en arrivant à l’entrée de ma station de métro sur un exemplaire du quotidien gratuit « Métro ». Bon ok, certains diront que les gratuits, c’est le mal, l’info bas de gamme, du pré mâché. En attendant, ça propose un aperçu rapide de l’actu des dernières vingt-quatre heures, ça donne même quelques bonnes idées parfois dans les pages culture et puis surtout… c’est gratuit.

Et à vrai dire, même si je pouvais ou voulais investir dans un payant, je n’aurais hélas pas le temps de le lire. Perso, je m’offrirais bien Le Parisien et Libé tous les jours, mais n’en lirais probablement pas le tiers. Ceci dit, j’ai la chance de pouvoir les feuilleter régulièrement au boulot, ça compense un peu.

Mais je m’éloigne déjà du sujet que je voulais aborder, non pas la presse gratuite mais plutôt le titre de une du « Métro » de ce matin : la gentillesse. Figurez-vous que samedi prochain sera la journée de la gentillesse. Au premier regard, ça fait un choc, on se dit « la norme c’est d’être un enculé 364 jours par an, ce samedi, va falloir se forcer pour être sympa ». Puis on comprend bien vite qu’il s’agit juste d’un événement destiné à attirer l’attention sur une qualité jugée quasiment ringarde dans une société où pour avancer socialement, il semble bien plus efficace de s’en passer. A ce titre, je tiens à faire remarquer que pour ceux qui auraient bien besoin d’un peu de gentillesse au bureau, ce n’est pas malin d’avoir organisé ça un samedi !

La journée de la gentillesse étant organisée par le magazine Psychologies, on repassera sur la sincérité de la démarche. Pure gentillesse ou coup de pub ? Peut-être bien un mélange des deux, toujours est-il que l’ambition de ce gentil projet est de susciter « un million d’actions pour la gentillesse ». Vous pouvez, vous aussi, aller écrire sur le mur de l’événement pour dire ce que vous ferez de gentil samedi prochain. Nous sommes à deux jours du lancement et le compteur affiche, à l’heure où j’écris ces lignes, 46787 actions. Ce n’est pas gagné !

Ma curiosité étant aussi forte que celle de mon gentil lapin nain Wasabi, (qui fera l’objet d’une prochaine chronique soyez-en sûr), je n’ai pas pu m’empêcher d’aller voir les messages qui y figurent. Morceaux choisis : « j’apporte le petit déjeuner au lit à mon amoureux », « Je remercie mes collaborateurs avant de partir le soir », « je souris à quelqu’un qui a le cafard », « je fais une surprise à l’un de mes proches », « je fais le ménage alors que ce n’est pas mon tour »… Autant de petites promesses qui n’engagent pas à grand chose, si ce n’est à faire plaisir... le temps d’une journée. Il y a même « j’invite tous mes amis Facebook à participer à la journée de la gentillesse ». C’est pas gentil ça, coco, c’est du spam.

Après mûre réflexion, j’ai trouvé le message que je vais laisser : « à tous ceux et toutes celles que j’aime, mon chéri en tête, je ferai en sorte que samedi soit un jour comme les autres ! »