samedi 16 juin 2012

END : le début de la fin


En attendant le quatrième tome de la série culte Skydoll, en préparation, Barbara Canepa signe avec Anna Merli le premier volet d'une nouvelle trilogie appelée elle aussi à devenir incontournable : END.

Le monde de la BD, et ma moitié aussi !, n'en pouvait plus d'attendre cet album dont le teasing, depuis quelques mois, relevait autant de la torture que de l'aperçu prometteur. Pensez donc, chaque livre de la collection Métamorphose est déjà un évènement en soi quand on en connait les critères de qualité. Alors quand, en plus, le petit nouveau sort tout droit de l'imagination débordante de sa directrice, autant dire que l'excitation est à son comble une fois l'objet en main. Et si je dis objet, cela n'a rien de péjoratif : tous les ouvrages de la collection sont magnifiques, de la couverture au papier en passant par la maquette et les couleurs. END ne déroge pas à la règle : on le lit avec précaution, on le range avec soin, et on le regarde avec admiration.

Ce premier tome nous conte l'histoire d'Elisabeth, qui lui donne son nom, une jeune fille de 13 ans aux cheveux blancs et qui semble frappée d'une étrange malédiction : décédée dans des circonstances douteuses, elle évolue dans un univers lugubre à souhait où le temps semble figé et où personne ne peut la voir. Personne à part ses trois compagnons : Napoléon, un chat avec des serpents en guise de pattes et de queue, Ulysse, une chauve-souris aux pattes de poulet, et Leonardo, un crapaud araignée. En outre, Elisabeth est obligée d'envelopper ses mains, car tout contact avec elles entraîne la mort.

Inutile d'en dire plus, car le plaisir réside bien sûr en grande partie dans la découverte du scénario. On dévore les pages avec passion tant le récit captive et intrigue à la fois. Il faut bien le dire, tout n'est pas toujours très clair, mais l'objectif est probablement de plonger le lecteur dans le même état d'esprit que l'héroïne, perdue dans l'univers où elle évolue, cherchant à contacter sa soeur Dorothea, élève d'un établissement religieux et où étudie également sa meilleure amie, Nora. Elisabeth, Nora, Dorothea... je ne dévoile en rien en vous disant que leurs initiales forment le titre de la série, qui reflète aussi parfaitement son sujet principal : la mort. 

Elle habite chaque page de l'album à travers le questionnement permanent de personnages à son sujet : Elisabeth cherche à en comprendre le sens, les jeunes étudiantes de l'école veulent découvrir pourquoi elle a frappé leur amie. Pour autant, END n'est pas une oeuvre lugubre pour gothiques en mal d'histoires macabres, elle interpelle, elle dérange un peu et rend même la grande faucheuse très poétique.

"La couverture, magnifique, n'est qu'un prélude au déluge visuel et graphique qui attend le lecteur dans les pages qui suivent."

Les dessins, dont Barbara Canepa est l'auteur avec la talentueuse Anna Merli, sont fantastiques. Difficile de retranscrire en mots les émotions qu'ils suscitent : chaque case est une oeuvre d'art en soi, des personnages aux décors, tout est réussi et colle parfaitement avec le récit. La couverture, magnifique, n'est qu'un prélude au déluge visuel et graphique qui attend le lecteur dans les pages qui suivent. On en oublierait presque qu'il s'agit d'une bande dessinée : mon cerveau, emporté par la richesse des planches et le rythme de la narration, a transformé la lecture en visionnage et m'a laissé l'impression d'avoir vu un grand dessin animé.

Aussi beau qu'intéressant, ce premier tome de END tient toutes ses promesses et va même au-delà. La collection Métamorphose vient de s'enrichir d'un nouveau petit bijou que je vous encourage vivement à vous procurer. Bon sang qu'il va être difficile d'attendre pour lire la suite, car on reste évidemment très frustré de n'avoir aucune réponse aux nombreuses questions posées. Et pour cause, encore une fois, ne vous fiez pas à son titre, END n'est que le début d'une aventure qui s'annonce grandiose, rien de moins.

  • END / Tome 1 : Elisabeth
  • Idée originale, scénario et dialogues : Barbara Canepa / Dessins et couleurs : Barbara Canepa et Anna Merli
  • Collection Métamorphose aux éditions Soleil
  • 14,30 €
La bande-annonce de l'album :






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